Opinions : Adduction d’eau potable et préservation de la route : incompatibles ?


Sur mon parcours quotidien  le long de la route circulaire, depuis la bifurcation menant à Ankatso, jusqu’au rond point de Tsimbazaza (soit un tronçon d’environ 3 km environ), j’ai constaté que cinq bornes fontaines se trouvent tout au bord même de la route, voire sur les trottoirs (à côté  de la station Jovenna à Ankorahotra, près du garage de FTM, en face de la station Total à Ambanidia, à Miandrarivo en face de l’OTIV et à Marohoho près du boucher).

Ces faits m’ont amenée à me poser des questions sur la compatibilité de la route et de l’eau, et sur la faisabilité de la mise en place des points d’eau aux bords des routes.

En effet, comme l’eau est la première ennemie de la route, je me suis demandée pourquoi a-t-on choisi d’implanter ces bornes fontaines sur les trottoirs ?

Il y a des gens qui vont répondre que c’est plus pratique (domaine public, visibilité) mais en tant qu’usager de la route, je ne trouve guère la situation pratique, au contraire, je la trouve très gênante.

En fait, le trottoir est occupé par les seaux et les bidons en file, et par les gens venus chercher de l’eau. Les piétons sont alors obligés de marcher sur la chaussée au risque de se faire faucher par des voitures, ou bien ils doivent à chaque fois traverser la route pour à la fois se mettre en sécurité, fuir l’humidité et les éclaboussures d’eau provenant des seaux remplis jusqu’à leur bord.

Les automobilistes quant à eux, doivent aussi faire attention pour ne pas frôler et les piétons et les gens qui attendent leur tour pour remplir leurs seaux, qui dans la plupart du temps sont accaparés par leur bavardage et ne regardent plus où ils mettent leurs pieds (encore sur le trottoir ou dans la chaussée, ou au milieu de la route).

Ils doivent aussi ralentir et doubler d’attention à cause du mauvais état de la route située aux environs de ces points d’eau (des nids de poules ou des nids d’autruche selon les cas) pour ne pas abimer  leur voiture.

Il saute aux yeux que l’humidité et  le ruissellement permanents sont les principaux facteurs explicatifs de la dégradation accélérée de ces portions de route situées près des bornes fontaines.

Pourtant, nul n’ignore que la route coûte très chère car les travaux de réhabilitation, voire les travaux d’entretien réguliers nécessitent des sommes importantes d’argent, alors n’est-il pas mieux de préserver  les routes qu’on dispose en la protégeant contre son principal ennemi qu’est l’eau ? N’est-il pas possible de ne pas mettre dans l’emprise de la route des points d’eau ?

Il appartient aux initiateurs de projets d’adduction d’eau et aux techniciens routiers de répondre à ces questions, de trouver des consensus pour à la fois répondre aux besoins des ménages ne disposant pas d’eau potable, et aux aspirations des usagers de la route (quiétude, confort, et propreté).

Concernant la préservation de la route face aux actions dévastatrices de l’eau, il faudrait également faire connaître aux gens (riverains et usagers de la route) que l’eau entraîne la dégradation de la route, et que par conséquent :

  • il ne faut pas laver les voitures dans la rue, ni faire laver sa voiture aux bords de la route,
  • il ne faut pas jeter de l’eau usée (domestique) dans la rue,
  • il ne faut pas jeter quoi que ce soit dans la rue, car ces déchets vont finir par boucher les canaux d’évacuation situés aux bords des routes (fossés), et la route va être inondée.

Bref, il faut communiquer aux  gens que nous avons tous besoin de la route (piétons et automobilistes), et que par conséquent, nous avons tous des parts de responsabilités envers elle. Ainsi, la route va nous rendre de meilleur service.

Holy Ralimamy

Economiste

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